Une idée à ne pas écarter, loin de là
par Jean-François Clavel
Saison cyclonique - Union - Grenadines
Une idée tout à fait raisonnable
Une croisière aux Antilles en saison cyclonique est quelque chose de tout à fait possible, et même tout à fait raisonnable si l'on prend les précautions adéquates.
Une météo propice
La météo ne s'y prête pas, en pleine saison des pluies, me direz-vous ? Pas du tout. La saison des pluies réserve une grande majorité de magnifiques journées de beau temps, ayant l'immense
avantage d'êtres peu ventée, juste ce qu'il faut pour faire correctement avancer un catamaran de croisière léger... sur une mer d'huile.
Au sud des cyclones
Le phénomène est simple. La trajectoire naturelle des cyclones passe sur le nord des Antilles, voir plus loin au large. Ces cyclones, issus d'ondes tropicales actives, absorbent toute l'humidité
qui les entoure durant leur développement et laisse, dans leur sud lointain, un vaste secteur de beau temps, ciel bleu, vent faible et mer d'huile. Ceci allié à des mouillages désert car peu de
monde navigue en pleine saison cyclonique, cela donne une croisière de rêve !
Les précautions d'usage
Un suivi régulier
Bien sur, il ne faut pas y aller la fleur au fusil. Un suivi extrêmement sérieux de la météo est indispensable. Pour ma part, je la prends deux fois par jour, matin et soir, sur plusieurs sites
utilisant des modèles de prévision différant afin de pouvoir faire des recoupements. En effet, comme pour le cyclone Thomas, que j'ai encaissé sur ancre au mouillage de Grande Anse en 2010, ces
phénomènes peuvent parfois se développer de manière très rapide et assez imprévisible.
Prévision de trajectoires d'un cyclone sur les Antilles
D'une zone sous surveillance le matin, les prévisionnistes sont passé à un cyclone classe I le soir à 23h,
nous mettant en alerte cyclonique pour le lendemain. Même en suivant de près, cela ne laisse pas grande marge de manœuvre quand à la conduite à tenir.
Ne pas déroger à la règle
Inutile de vous dire que de déroger à cette règle de 2 météos par jour durant la saison cyclonique n'est pas envisageable en ce qui me concerne. Si un gros voilier en métal bien préparé pourrait
probablement encaisser des vents de 70 à 80 nœuds et des creux de 10 mètres, je n'ose même pas imaginer ce que cela pourrait donner avec un catamaran léger.
Solutions en cas de cyclone
Deux solutions sons possibles dans le cas de l'arrivée d'un cyclone dans votre zone. Dans les deux cas, votre croisière sera chamboulée !
Tout le monde aux abris
La première consiste à trouver un bon abri. La qualité de cet abri dépendra grandement du comportement et de la force du cyclone. Pour un cyclone comme Thomas, cyclone de classe I, passant au
sud, une baie comme Grande Anse, bien qu'ouverte à l'ouest, si vous êtes bien mouillé sur une bonne ancre, représente un abri tout à fait acceptable.
Trinidad (Antilles), hors trajectoires des cyclones
Dans le cas d'un cyclone plus fort, générant vent et houle d'ouest, il vous faudra trouver quelque chose de plus sérieux. Le problème avec catamaran léger, c'est qu'à partir de vents de 100
nœuds, il décolle, tout simplement. Il faudra dons pouvoir l'amarrer solidement un peu partout. Cette technique est connue sous l'appellation 'faire l'araignée'.
Courage, fuyons
Une autre bonne solution, en cas de phénomène vraiment violant, est la fuite. Elle demande en effet un certain courage, car l'on doit prendre la mer avec dans les parages une vrai grosse
dépression très dangereuse. Le mieux, alors, est de rester en contact avec un routeur à terre (par téléphone satellite par exemple) pour s'assurer que la bête ne change pas de trajectoire...
et partir très loin !